
On fait remonter la naissance de la presse à l’imprimerie, invention qui a révolutionné alors la propagation des informations au même titre que l’Internet aujourd’hui. Alors que les nouvelles étaient d’abord propagées de villes en villes par des crieurs puis placardées sur des murs et des portes (les Acta Diurna – faits du jour – dès l’Empire Romain), l’imprimerie permet une diffusion écrite des informations.
En France, cette nouveauté n’est pas synonyme de liberté : sous l’Ancien Régime, faire paraître un journal impliquait avoir obtenu un privilège et une autorisation préalable. C’était le cas notamment du premier grand périodique français, La Gazette : son rédacteur, Théophraste Renaudot, avait obtenu dès 1631 un privilège royal l’autorisant à publier, grâce à l’intervention du cardinal de Richelieu. Mais ce n’est pas pour autant que la presse satirique n’existait déjà pas, les Mazarinades sont apparues au moment de la Fronde. Intitulée la Requête des trois états du Gouvernement de l’Île-de-France au parlement de Paris, contre Mazarin, la première des Mazarinades parut vers la fin de 1648. Et pour ceux qui pensaient que le XXème siècle avait inventé la presse people, c’est oublier un peu vite le Mercure galant, lancé par Donneau de Visé…
Il faut attendre les XVII et XVIIIème siècles pour que la presse commence peu à peu à susciter l’intérêt du public. C’est la naissance du journal thématique : le Journal de Médecine en 1754, le Journal des Dames en 1759, le Journal d’Education, Les Ephémérides du Citoyen en 1767, rédigé par le physiocrate Pierre Samuel du Pont de Nemours, le Courrier de la Mode en 1768, Journal des Théâtres en 1770, Journal de Musique en 1773, Bibliothèque des Romans en 1775… Sous la Révolution apparaissent les Libelles, ancêtres du journal d’opinion mais la Censure est toujours là. Elle sera levée mais rétablie au cours du XIXème siècle notamment par Napoléon III (puis lors des périodes de conflits)
Au XIXème siècle, l’apparition des rotatives transforment l’économie de la presse et permet à celle-ci de se développer. A Paris, la République du Croissant (nommée ainsi à cause de la rue du Croissant dans le même quartier) est le siège des premières grandes entreprises de presse alors que les imprimeries se trouvent dans le quartier. C’est aussi l’apparition (1831) de la « presse plaisir » aussi appelée presse service ; son but est de faire plaisir aux gens. On y trouve des feuilletons, elle est financée par la publicité et les petites annonces ce qui lui permet d’être peu chère et abordable pour quiconque. A côté de cette presse à mauvaise réputation, apparaît le journalisme de reportage et de découvertes par exemple : L’illustration. Alors qu’Albert Londres né en 1884 sera à l’origine du journalisme engagé…
Au début du XXème siècle, la presse française a le vent en poupe, comptant plus de 600 titres de quotidiens (entre 1881 et 1914, Paris compte de 80 à 90 quotidiens selon les années) et en 1914, c’est la plus lue au monde. 4 titres ont un tirage supérieur à… un million d’exemplaires ! Alors que l’occupation durant la seconde guerre mondiale est faite de censures et de journaux clandestins, la Libération sera un moment de forte vivacité de la presse.
Alors que le développement du cinéma voit la naissance des actualités cinématographiques, la presse écrite se voit concurrencée par la radio – qui invente l’interview. Puis la télévision révolutionne le rapport à l’information et aux nouvelles : Le premier journal télévisé en France inventé et dirigé par Pierre Sabbagh est diffusé le 29 juin 1949 à 21 heures pendant 15 minutes..
Au début du XXIème siècle, le développement de l’Internet a mis à mal la presse écrite et bousculé la télévision (qui répond par l’information en continu) et les radios. Les habitudes d’information se transforment. La consultation sur le web d’articles « gratuits » demande à la presse se revoir entièrement son modèle économique. En France, cette nouvelle donne a donné lieu à la concentration des médias, une des causes du rejet de celle-ci et des journalistes par la population. Une défiance vis-à-vis des journalistes qui monte peu à peu depuis des décennies pour amorcer une franche défiance depuis 2015, défiance qui ne fait que s’accroître selon le baromètre La Croix – Kantar Sofres même si radio, télévision, presse écrite et Internet ne sont pas tous logés à la même enseigne.